Et où en est le tome 2 du cœur de l’Oealys?

Des contretemps imprévus, des blocages… du retard! J’aimerais bien prétendre que c’est occasionnel, mais j’essaie surtout que ça ne devienne pas la routine. Pour le meilleur ou pour le pire, je prends le temps nécessaire pour être fière du résultat. J’avais bien visualisé le chapitre 13. Je savais exactement ce que je voulais écrire et ce que j’espérais obtenir. Bêtement, je m’étais dit qu’il serait facile à rédiger. J’ai été arrêtée par des détails, souvent. À force d’acharnement, j’en suis venu à bout, enfin! Bref, chapitre 13 du tome 2 du cœur de l’Oealys, la nouvelle reine, terminé! Je passe à la suite et avant cela, un petit extrait pour fêter ça!

 

Extrait

– Vincent s’est juré d’extirper de ses filles tout le mal que tu aurais pu leur léguer. Il fait preuve d’une sévérité excessive envers elles. Il veut les protéger. Au moins, n’est-il pas totalement inconscient.

Esther n’osait imaginer comment s’était traduit cette nouvelle fermeté, et moi j’aurais préféré l’ignorer. J’étais lasse, écœurée et en colère. Tant de mesquineries, d’opportunismes, de mensonges, de souffrances et de vies brisées… J’avais envie de défoncer cette porte, de prendre les enfants et d’abandonner là, s’il le souhaitait tant, l’époux aveugle et borné. Ce serait si facile. C’était si tentant. C’était impensable. Que ferais-je, ensuite? Forcerais-je tous ceux ne partageant pas mon point de vue à le suivre? Fermerais-je définitivement les portes du Sanctuaire parce qu’une vindicte populaire compréhensible serait venue s’abattre sur mon seuil? Pour avoir manqué d’éthique, je serais incapable de tenir mes engagements. Il n’y aurait pas d’avenir prometteur, seulement une prison dorée surpeuplée. Non… Je ne ferais pas cela. Par contre…

– Élodie, accepterais-tu de nous aider?

Si la porte devait s’ouvrir…

Mon plan était simplissime et efficace. Monsieur Catemar se faisait du souci pour sa fille. C’était un fait incontestable. Il se repentait de l’avoir tant gâtée. Elle avait été trop proche de sa mère. Maintenant, elle ne l’écoutait plus, n’obéissait plus. Et voilà qu’elle jouait la forte tête alors qu’Esther rôdait dans les parages. Elle ne perdait rien pour attendre. Lorsqu’il remettrait la main sur elle, elle serait sérieusement châtiée. Ses réflexions n’étaient guère réjouissantes, à un détail près. Elles dénotaient de son attachement pour elle. Une faiblesse exploitable par un être sans scrupule et j’allais m’en servir. Je n’en étais vraiment pas fière. La nécessité se dressait face à ma honte, en piètre réconfort. Je ne lui en demandais pas beaucoup. C’était encore trop… Je la mettais dans une position intenable. Pourtant, elle accepta sans hésiter.

D’épais rideaux avaient été tirés devant les fenêtres. La pièce était plongée dans la pénombre. De faibles rais de lumière filtraient par les interstices. Voir, c’était prendre le risque d’être vu. Monsieur Catemar n’y était pas prêt. Esther était là, non loin, trop près. Elle n’aurait pas abandonné si facilement. Les enfants se blottissaient les uns contre les autres, en silence. La tension était palpable. Le bruit sourd de coups frappés par un poing les fit tous sursauter.

– Papa? Papa, c’est moi!

D’instinct, il se précipita vers l’entrée. Élodie! Elle était là, saine et sauve. Il en louait les Dieux, elle était rentrée! Il reprit ses esprits en tirant le verrou. Et si c’était un piège? Il entrebâilla l’huis. Dans ce cas, il était de son devoir de père de l’en tirer. Il jeta un regard méfiant à l’extérieur. Elle était seule. Il expira le souffle qu’il avait retenu et s’empara d’elle. Il était à la fois soulagé et furieux. Il avait envie de la serrer dans ses bras et de la gifler. Elle aurait des explications à lui donner et il ne voulait pas les entendre. Aucune ne serait bonne. Mais d’abord, il devait la mettre en sécurité. Brusquée, Élodie trébucha. Selon mes instructions, elle s’était préparée à le faire volontairement. Son père l’y avait aidée. Pour retrouver son équilibre, elle s’appuya contre la porte, qu’elle ouvrit en grand. Nous y étions.

– Prête?

Esther hocha sèchement la tête, déterminée.

Vincent pesta contre la maladresse de sa fille. Dans sa hâte à la pousser à l’intérieur et à réparer sa bévue, il ne la vit pas se retourner. Il ne remarqua pas son air résolu et nerveux, ni son regard passer par-dessus lui. Il agrippa le vantail. D’un geste brusque, il voulut le repousser, et s’écorcha les doigts. Il n’avait pas bougé. Il ne bougerait plus, tant que je l’aurais décrété. Il s’y prit à deux mains. Il s’acharna, ne saisissant pas pourquoi il était bloqué. Un brin de panique le fit redoubler d’effort, dès lors qu’il nous aperçut.

Ce n’était pas idéal. Par définition, un compromis ne l’était jamais. Je n’imposerais pas notre présence sous son toit à Vincent et les quelques mètres nous séparant de la maison n’empêcheraient pas Esther de s’exprimer. La rue était peu passante. Je ne me faisais pas d’illusion pour autant. Une confrontation au vu et au su de tous créerait immanquablement des complications. Il me faudrait les gérer. Décidément, ce n’était pas ma journée. Devais-je ensuite m’étonner que la discussion ne fût pas calme et respectueuse? Les vérités et les faits s’entremêlaient au milieu des injures et des règlements de comptes. Leur déloyauté réciproque, présumée ou effective, les avait blessés. Le ton montait et les curieux commençaient à s’agglutiner. Monsieur Catemar puisa du courage dans ce public.

– Tu n’auras pas mes enfants! Jamais! Jamais, je ne permettrai à une sorcière maudite de me les arracher et de les corrompre.

J’en avais assez entendu.

– Ce n’est pas à vous de décider.

Esther se redressa avec un sourire victorieux.

– Ni à toi…

Son sourire se fana.

– Mais à eux.

– Ce sont des enfants…

Ils avaient prononcé les mêmes mots incrédules d’un parfait accord. Si ce n’était qu’ils s’y teintaient d’une touche de désolation pour elle et de dégoût mêlé de colère pour lui.

– Je vois deux parents, aimants et attentionnés, persuadés d’agir aux mieux pour leurs enfants.

– Et l’un a raison! Catherine… Tu sais mieux que quiconque les implications d’avoir l’une d’entre nous comme mère!

– Je te l’accorde. Et tu leur as dit. Votre mésentente les contraint à un choix cruel. Il ne le sera que davantage s’ils n’y prennent pas part. Élodie ramasse ses effets personnels. Elle va sortir dans un instant. Tous ceux voulant venir avec toi n’ont qu’à faire de même.


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